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Deux koalas à BA
26 avril 2012

Le Brésil n'est pas qu'une grande plage.

Avant de me rendre au Brésil, j'avais une image assez stéréotypée de ce pays: plages, jungle, plages. En fait, je n'avais que peu pensé au fait que le Brésil avait en son intérieur des terres qui regorgeait de choses à voir. Pour moi, le Brésil se résumait plus ou moins à la côte, une longue, longue, bande de sable blanc, et à la région tropicale, amazonienne. Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises.

Après cette courte semaine passée entre Salvador et Mangue Seco, nous ne sommes pas tout à fait prêts à quitter l'Etat de Bahia. C'est pourquoi nous choisissons d'y rester deux petits jours de plus, mais dans une tout autre ambiance puisqu'on quitte la côte pour s'enfoncer dans les terres. On se retrouve dans le petit village de Lençois. Ce charmant petit village est une halte bien reposante puisqu'il est à la fois très tranquille et qu'il y a beaucoup de petites infrastructures pour touristes: petits restaurants vraiment délicieux, petites auberges familiales bien tenues, etc. L'endroit a aussi une petite touche hippie sympathique: restaurants où l'on choisit l'album de jazz que l'on veut écouter en mangeant, restaurants végétariens...

A la base je prête peu d'importance à tout cela mais dans le cas de Lençois je dois dire que c'est réussi: le village semble regorger d'offre (activités, bouffe...) de toutes sortes, mais n'est absolument saturé par le tourisme comme c'est le cas, par exemple, de San Pedro de Atacama, dans le Nord du Chili. Les structures d'accueil pour touristes sont restés totalement respectueuses du village, par leur taille et leur nature. 

SAM_3358SAM_3359 Drôle de chat dans un drôle de décor!

Nous arrivons sous la pluie à 4h du matin. A l'arrêt de bus nous attend Rita, la propriétaire de la pousada familiale dans laquelle nous avions réservé. Grosse femme noire à la fois maternelle et autoritaire, elle est une figure amusante, et impressionnante : elle ne s'est pas arrêté de travailler depuis le moment où elle est venue nous chercher (4H du matin quand même) ! Faire les chambres, nettoyer le sol, faire le linge, gronder ses enfants et surtout préparer de succulents gâteaux maisons, pains salés et jus de fruits frais pour le petit déjeuner... Une force de la nature, cette Rita. 

Mais on ne vient pas à Lençois pour le village en soi sinon pour la nature exubérante qui l'entoure: une profusion de grottes, de cascades, de petits lacs. Nous profitons de cette première journée pour se balader dans les alentours immédiats de Lençois. A une heure de marche on tombe sur ce lac aux eaux fraîches et obscures et sur ce toboggan naturel, le tout parsemés de nombreux rochers pour se faire dorer au soleil. 

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Le lendemain, nous faisons davantage la connaissance des environs: le contraste entre les lacs aux eaux foncées, les lagunes aux eaux turquoises tranquilles et les cascades bruyantes et rafraichissantes, est saisissant. 

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La journée se termine par l'ascension du Morro do Pai Inacio (Mont du Père Ignacio), ainsi nommé en référence à un esclave noir ayant eu à l'époque coloniale une liaison avec une blanche, fille d'un colonel. Evidemment Ce genre de liaison était inacceptable à l'époque: un autre esclave aurait rapporté au colonel, qui, hors de lui, aurait poursuivi Inacio jusqu'à ce Mont. En possession d'un parapluie offert par son amante, Inacio aurait pu sauter de ce Mont, survivre, et s'enfuir. L'histoire dit que les amants se seraient rejoints en Europe où ils auraient vécu heureux. Cette conclusion à l'histoire est un peu improbable, mais on dit aussi que bien des années plus tard, en voulant construire une nouvelle route de terre, des hommes envoyés par le gouvernement seraient tombés sur une petite cabane très isolée, dans laquelle vivaient un très très vieil homme... nommé Inacio

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Nous quittons Lençois pour continuer notre périple dans les terres vers la région du Minas Gerais (Mines générales), la région où étaient exploitées des mines d'or et de pierres précieuses pendant l'époque coloniale. C'était une région d'enrichissement très rapide, ce qui explique sa richesse en architecture et art colonial, puisque, enivrés par la fièvre de l'or, les colons portugais y ont construit une multitude d'Eglises baroques.

Nous arrivons bien fatigués puisque notre bus était tombé en panne en pleine nuit et que nous avions dû en attendre un autre deux heures au bord de la route, pile dans ce qui est certainement l'endroit le plus infesté de moustiques du monde (c'est en tout cas la sensation que j'avais). Après une correspondance à Belo Horizonte, capitale du Minas Gerais et ville qui nous a semblé particulièrement moderne et fonctionnelle, nous voilà à Ouro Preto (Or Noir), principal point d'intérêt touristique de la région. 

 Nous arrivons là-bas lors du dernier jour de Carnaval, ce dont nous nous serions bien passés car la plupart des musées et des eglises sont fermés et les hordes de beaufs qui se renversent de la bière dessus dans les rues se marie très moyennement avec le charme historique de cette ville coloniale aux mille Eglises et aux rues pavées et pentues. Mais on se console en goûtant aux spécialités culinaires de la région: une bonne cuisine, mais lourde et rustique, et le soir l'animation est bien sympathique, beaucoup plus détendue que lors du Carnaval de Salvador : on danse dans la rue sur une musique de carnaval populaire, à l'inverse de l'esprit de spectacle. 

430301_10150591026825954_733355953_9196252_1390643970_nTenez vous bien, ce n'est que l'entrée.

Voyage_janvier_f_vrier_2012_511 Et voici le plat! 

Voyage_janvier_f_vrier_2012_512 Je vous l'accorde: ces desserts ont l'air franchement mauvais. Pourtant, ce n'était pas mal! 

La ville est tout en collines et la vue d'ensemble est sublime: des Eglises perchées haut sur des collines verdoyantes s'étendent à perte de vue.

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On arrivé tout de même à visiter la Igreja Nossa Senhora do Pilar est étonnante de par sa forme décagonale. On dit que 430 kilos d'or ont été utilisés dans sa décoration (cf. les chérubins en or massif). C'est une très belle Eglise, les décorations y réussissent le dur pari d'être à la fois fastueuses et élégantes, ce qui est plutôt rare dans le baroque brésilien: ce sont des motifs en or sur une base bleu passé. 

Le lendemain, le Carnaval est fini, et nous sortons tôt, anxieux de découvrir la ville. Nous avons la ville pour nous, et notre promenade nous mène vers les Eglises plus excentrées. La Igreja Santa Efigênia, construite par les esclaves et pour eux, possède une belle façade et surplombe fièrement un quartier populaire tout aussi décrépi qu'elle, mais pas dénué de charme, bien au contraire. La Capela do Padre Faria est la plus ancienne de toutes, minuscule et banale de l'extérieur mais vantant un riche autel couvert de dorures à l'intérieur. 

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 Voyage_janvier_f_vrier_2012_528Voyage_janvier_f_vrier_2012_529Petit chemin fort sympathique

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Voyage_janvier_f_vrier_2012_532Voyage_janvier_f_vrier_2012_538 Santa Efigênia.


Nous poursuivons la balade: 

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Le Museu de l'Inconfidência est un excellent musée qui retrace l'histoire de la ville, de ses mines d'or, de ses esclaves, en passant par sa vie mondaine, sociale et intellectuelle, en passant par l'Inconfidência, c'est à dire la Conspiration qui a secoué Ouro Preto en ... 1789 ! C'est une conspiration qui a eu lieu contre la couronne portugaise, en partie sous l'influence des Lumières et de la Révolution française, comme un prélude à l'indépendance du Brésil. Les conspirateurs protestaient contre le prélèvement abusif d'impôts de la part d'une couronne inquiète de la rapide raréfaction de l'or dans la région. Mais la rébellion fût décapitée, et son leader, Tiradentes, pendu en place publique. Beaucoup d'autres ont été bannis, notamment dans d'autres colonies portugaises comme le Mozambique ou l'Angola. 

L'Igreja Nossa Senhora do Carmo est très belle de l'extérieur et de l'intérieur, dans un style raffiné rafraichissant. Le Museu do Oratorio qui la jouxte est bien plus intéressant que ce qu'on aurait pu imaginer: on y voit toutes sortes d'oratoires curieux et jolis, qui aident à comprendre l'importance de la religion, et surtout de l'imagerie religieuse, dans la conquête et l'évangélisation du Brésil

Le dernier matin, avant de quitter Ouro Preto nous visitons deux Eglises: Sao Francisco de Assis, dont certains disent qu'elle est la plus belle de la ville, est une chef d'oeuvre de l'Aleijadinho, ce célèbre sculpteur ayant progressivement perdu ses mains en raison d'une maladie, et sculptant en attachant ses outils à moignons! On y trouve beaucoup de dorures luxueuses, et un superbe ange qui attire vraiment l'attention au plafond de la nef centrale. Nossa Senhora de Conceiçao, dans un tout autre style, présente des dorures plus lourdes et chargées, assez roccoco, très noircies par le temps mais dont on imagine aisément ce luxe époustouflant qu'elles devaient constituer. 

 Voyage_janvier_f_vrier_2012_554 Sao Francisco de Assis.


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