Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Deux koalas à BA
4 juin 2012

Santiago de Chile: entre cimes des Andes et smog urbain

Chers lecteurs, je sais ce vous pensez. C'est la toute fin de l'année, ils se relâchent, n'ont plus rien à raconter, se laissent aller en attendant le départ. Et bien non, non, NON ! Au contraire,  plus on voit le départ approcher, plus on se sent saisis d'une sorte de panique en pensant aux choses qu'on s'était promis de faire et que nous avons oublié de faire. Ca donne des semaines très occupés, partagés entre tout un tas d'activités anciennes et nouvelles dont nous détaillerons certaines dans un prochain article. 

Mais pour l'instant nous tenions à vous faire partager notre dernière petite escapade avant notre voyage en Colombie en juillet: quelques jours à Santiago de Chile. 

Si à première vue il y a beaucoup moins de choses à faire à Santiago qu'à Buenos Aires, la ville ne tarde pas à révéler ses trésors. C'était pourtant plutôt mal parti: nous sommes arrivés sur place avec près de 8 heures de retard après avoir tourné indéfiniment au-dessus de Mendoza, sans avoir la certitude que nous allions finalement atteindre Santiago. Au final, nous sommes arrivés et l'atterrissage était le plus beau que j'ai jamais vu puisqu'on profite d'une vue panoramique sur la cordillère des Andes enneigée.

Nichée dans un bassin, entourée par les Andes (plus exactement entre deux volcans), l'une des premières choses que j'ai remarqué à Santiago est le smog: un nuage gris de pollution qui semble recouvrir perpétuellement la ville. Si Buenos Aires est certainement une ville tout aussi voire plus polluée que Santiago, la proximité de l'Océan et le vent balaient la pollution. Santiago, au contraire, est dans un bassin, ce qui complique l'évacuation de la pollution. Mais quand ce smog se dissipe, on voit se dessiner de superbes sommets enneigés tout autour de la ville: cette proximité des Andes est incontestablement le point fort de Santiago. 

Rappel: Cliquez sur les photos pour les agrandir.

DSC00222DSC00226 On aperçoit nettement la Cordillère en arrière-plan. 

DSC00223

Santiago possède plusieurs Cerros, des collines verdoyantes permettant d'avoir une superbe vue sur la ville. Depuis le Cerro San Cristobal on voit se dérouler l'ensemble de la ville, quartier par quartier (grands immeubles au Nord et au Centre, puis ça devient de plus en plus plat vers les quartiers pauvres du Sud). Le Cerro Santa Lucia, en pleine ville, offre une belle vue à 360°. Un conseil: montez au Cerro Santa Lucia au coucher du soleil! Un coucher de soleil aux couleurs andines sur une grande ville illuminée, c'est irremplaçable!

Au Cerro San Cristobal:

DSC00210DSC00205

DSC00215DSC00217

 Au Cerro Santa Lucia: 

DSC00227DSC00228

DSC00238DSC00237

DSC00236DSC00242

DSC00244DSC00248

DSC00253

Par rapport à Buenos Aires, Santiago fait figure de ville très propre, sûre et calme. D'ailleurs, les quelques chiliens auxquels nous avons parlé ont tous eu la même réaction quand on leur a dit qu'on vivait à Buenos Aires "Il paraît que c'est dangereux, qu'il y a beaucoup de voyous dans la rue...Ici c'est bien plus tranquille!".  

Il y a un curieux centre historique, bien moins tumultueux que celui de Buenos Aires, dans lequel édifices anciens et nouveaux coexistent harmonieusement.  

DSC00138DSC00140

DSC00143DSC00147

 

Le Museo Historico Nacional retrace l'histoire du pays et compte plusieurs belles oeuvres, notamment de beaux dessins très expressifs et romantiques des premières expéditions au Chili. Mais arrivés à la fin du parcours, il y a comme un malaise: la dernière vitrine contient les lunettes cassées de Salvador Allende (1973), puis... rien. Désemparés, on cherche une autre salle, la salle sur la dictature, voyons!!! Elle n'existe tout simplement pas. Le musée s'arrête au coup d'Etat de 1973, et à l'entrée on trouve une curieuse plaque faisant référence à "L'excellent Monsieur Don Augusto Pinochet".  Suspect! D'ailleurs, si en Argentine le rejet de la dictature semble unanime ou presque (on trouve toujours quelques excités militaristes), il paraît qu'au Chili une certaine classe de la population (fortunée, pour ne rien vous cacher) regrette le temps de la dictature, notamment ses politiques économiques libérales. 

DSC00137 Une plaque de 1982 adressée à l'Excellent Monsieur Don Augusto Pinochet. Bizarre qu'elle n'ait pas été détruite car elle se situe dans l'entrée du musée et donne sur la rue! 

DSC00123DSC00125

DSC00124DSC00126

DSC00132DSC00134

DSC00135DSC00136Affiches témoignant de l'expérience socialiste du Chili.


Santiago possède également un Museo de Bella Artes, petit mais tout à fait digne d'intérêt. On constate que l'art chilien semble suivre la même évolution que l'art argentin à partir de l'indépendance: portraits de riches aristocrates ou bourgeois au XIXe siècle, puis enrichissement très soudain de l'art à partir des années 1870, avec incorporation et transformation des grandes tendances artistiques mondiales. 

DSC00112DSC00115

DSC00119DSC00120

DSC00121


Une particularité que j'ai noté aussi bien à Santiago qu'à Valparaiso: la prolifération de fresques murales urbaines, "graffitis" très élaborés si on peut dire, partout dans les rues. Ca donne incontestablement aux deux villes un certain cachet! 

DSC00104DSC00107

DSC00109DSC00110

DSC00111DSC00151

DSC00155DSC00181

 DSC00199DSC00200

Ceci m'amène à évoquer Valparaiso: c'est une des plus grandes villes chiliennes après Santiago, à une heure et demie de route de la capitale. Valparaiso jouit d'un emplacement et d'une topographie uniques puisque la ville s'agrippe à d'innombrables collines (elle est d'ailleurs toute en pentes), et se jette directement dans l'Océan Pacifique. Elle est connue pour ses maisons basses et colorées, type village de pêcheurs, qui s'amoncellent à l'infini sur les hauteurs. La promenade à Valparaiso est des plus agréables car on se laisse porter au gré de nos pas, et chaque rue semble offrir une jolie surprise. Depuis les hauteurs, on a une superbe vue sur la baie. 

Une particularité que nous noterez sur de nombreuses photos: la présence de nombreux fils électriques. En effet, ils sont si nombreux qu'il est extrêmement difficile de prendre une photo sans en avoir un (plutôt, plusieurs!) en plein dans le champ de vue.

DSC00160DSC00162 Au bout des rues et en dépit des fils électriques, devine la vue panoramique sur les collines d'un face. 

DSC00165DSC00171Juste pour illustrer mon propos sur les fils électriques! 

DSC00175DSC00176

DSC00182DSC00179

DSC00186DSC00195

DSC00189DSC00198

DSC00202DSC00203

 Petit aparté sur Pablo Neruda, célèbre poète chilien: nous avons visité deux de ses maisons, l'une à Santiago et l'autre à Valparaiso. Celle de Santiago a été construite pour qu'il puisse vivre avec son amante, Matilde, qu'il surnommait "La Chascona", nom que porte aujourd'hui la maison, car elle était tout le temps décoiffée (Matilde, pas la maison). La maison de Valparaiso s'appelle La Sebastiana. Dans les deux cas, on note sa passion pour la mer et les bateaux: les maisons sont construites avec des plafonds bas, des hublots, des escaliers en colimaçon... tout est fait pour qu'elles ressemblent à des bateaux! A Santiago Neruda avait même fait construire un petit canal dans sa cour pour avoir l'impression de naviguer quand il regardait par la fenêtre. On remarque également que c'était un collectionneur quasi-obsessionnel qui accumulait tout en tas d'objets curieux, c'est d'ailleurs pourquoi il est aujourd'hui aussi divertissant de visiter sa maison. Des objets bizzares du monde entier se côtoient sans complexes! On se rend également compte des liens qui existaient entre intellectuels, artistes ou militants politiques de renom du monde entier: c'est ainsi que Salvador Dali a peint un portrait de Matilde, et que Neruda recevait régulièrement des oeuvres offertes par Picasso, Léger, etc. Le monde est décidément petit comme un mouchoir de poche! 

Pablo Neruda n'était pas que poète, il a longtemps été Consul du Chili, notamment en Asie puis en France, et s'est longtemps engagé dans le Parti Communiste. C'était un grand opposant au coup d'Etat qui renversa Salvador Allende en 1973. Les militaires ont saccagé toutes ses maisons, ce qui explique qu'il manque aujourd'hui pas mal d'objets. Celle qui a le moins souffert de dégâts est celle de Santiago, car Neruda s'y trouvait à ce moment-là, souffrant d'un cancer de la prostate. Quand les militaires sont entrés chez lui, ils lui ont demandé s'il avait des armes, ce à quoi il a répondu "Oui, j'ai mes livres et un stylo.". On raconte qu'il est mort de chagrin, car peu de temps après l'installation de la dictature militaire, en 1973, il est mort d'un infarctus. 

DSC00095DSC00100

DSC00188DSC00192

DSC00193DSC00194

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Deux koalas à BA
Publicité
Publicité