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Deux koalas à BA
16 avril 2012

A la rencontre des bahianais

Après un passage express à Rio Branco, où nous nous frottons pour la première fois aux prix brésiliens, nous partons en avion pour Salvador de Bahia. Nous sommes un peu appréhensifs car Salvador connait pile à ce moment là une grande grève de la police au cours de laquelle la criminalité et la violence ont explosé (+130% d'homicides). A en écouter les médias, la ville est livrée à l'anarchie.

Notre premier jour se passe pourtant dans le calme, dans une chaleur moite étouffante et sous un soleil brulant. Nous nous promenons dans le Pelourinho, le centre historique et sommes d'emblée sous le charme  de ces maisons coloniales aux tons pastels. Les rues pavées sont étroites, pentues et tournicotent dans tous les sens.

Cliquez sur les photos pour les agrandir.

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SAM_3288SAM_3228 Moi et ma coco.

SAM_3229SAM_3232 Cette majestueuse Eglise tout bleue a été construite par et pour les esclaves; à l'intérieur tous les saints sont noires et il parait que les messes y ont encore quelque chose de  très syncrétique.

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Si dans la partie centrale, tout est bien propre et rénové, on tombe en s'éloignant de quelques rues sur des façades décrépies et décaties mais encore plus charmantes car plus authentiques. Mais c'est aussi ainsi que l'on se rend compte de la grande pauvreté de nombreux habitants de Salvador.

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L'Igreja Sao Francisco nous offre à voir une version assez extrême du baroque brésilien. Si l'extérieur est plutôt sobre, l'intérieur est très curieux: recouvert de moult dorures, de cherubins sculptés, de motifs floraux, d'oiseaux. Le tout est si chargé que l'on a bien du mal à savoir si l'on aime ou si l'on déteste. 

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SAM_3270 Ces fresques en céramique bleue et blanche sont très répandues au Brésil: on les appelle azulejos. Ils ont souvent une portée didactique: ils représentent des scènes de la Bible et de l'histoire brésilienne. 

SAM_3273 Vue sur la baie de tous les Saints


Le soir même nous avons l'occasion de voir un bloco du Carnaval s'entrâiner. Olodum est un groupe super connu au Brésil, et on comprend pourquoi! Les rythmes puissants et entrainants des percussions nous ont fait danser toute la soirée. Tous les mecs du groupe ont noirs, bodybuildés, ont des piercings... bref ils sont intimidants! Mais leur énergie est absolument contagieuse et nous a vraiment mis dans l'ambiance du carnaval qui allait débuter dans quelques jours. 

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Le lendemain nous avons mangé à Senac, l'école hôtelière de Bahia. Un conseil, si vous êtes à Salvador, allez-y! C'est un excellent restaurant qui sert un buffet à volonté de spécialité bahianaises merveilleusement bien préparées. Les serveurs sont des élèves en hôtellerie, attentionnés et adorables. 

La cuisine bahianaise et à l'image de l'Etat de Bahia lui même: colorée, relevée, variée, sucrée. Les épices et lait de coco sont à l'honneur, ainsi que les fruits de mer

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SAM_3294 Cette photo est floue, je sais, mais géniale quand même.


Le soir-même nous assistons à une cérémonie de candomblé. Quézaco? Le candomblé est un rite religieux importé d'Afrique (Angola et Nigeria essentiellement) par les esclaves. Aujourd'hui, il est beaucoup plus pratiqué au Brésil qu'en Afrique et fait partie intégrante de la culture afro-brésilienne. En quoi ça consiste? Basiquement, les pratiquants se réunissent pour laisser les divinités les posséder, entrer en elles, dans un étrange rite qui a quelque chose d'expiatoire, de cathartique. Les participants, en tenue traditionnelle, font d'étranges danses sur un rythme enivrant et hypnotisant... Peu à peu, elles se laissent "posséder".

Au début de la cérémonie on ne se sent pas vraiment à notre place: tous se saluent et mangent entre eux (de l'acarajé et du vatapa dans une grande feuille de bananier!), bref on a l'impression d'être à une réunion de famille, ou à la bar-mitzvah de Kirikou. Mais ensuite, la cérémonie commence vraiment et on voit plusieurs personnes entrer dans d'étranges transes: dans une chaleur accablante, ils tremblent, tombent parterre, pleurent, crient... C'est très impressionnant et qu'on y croie ou pas, ça donne la chair du poule et ça donne une idée de la complexité de l'identité et de la culture brésiliennes tellement le métissage est total dans ce pays. 

Nous avons également eu la chance d'assister à une journée de Carnaval à Salvador de Bahia. C'était génial mais suffisant car pour les non-initiés, le rythme est vraiment drainant. En effet, on débarque après deux jours passés ailleurs dans l'Etat de Bahia (j'y reviendrai). A l'aube, le terminal de bus est déjà grouillant de monde. L'agitation est palpable mais le centre-ville encore très calme. L'animation débute doucement en début d'après-midi, dans une ambiance très bonne enfant. Nous nous promenons en regardant les différent blocos, il y a beaucoup d'enfants dans les rues. Des fanfares populaires défilent joyeusement et tous dansent la samba.

Mais nous n'allions pas tarder à voir en quoi l'ambiance peut basculer en quelques instants pendant le carnaval. Des blocos sur de grands camions défilent, et les travestis débarquent (il est très courant de se travestir pour le Carnaval) et deviennent très vite majoritaires. Il y a beaucoup de batailles d'eau et de mousse, d'abord innocentes puis de plus en plus agressives, et les jeunes filles dans la rue de livrent à des concours de booty-shake qui feraient pâlir Shakira et Beyoncé. Les travestis exposent leurs strings et l'alcool coule à flots. Les insinuations sexuelles ne manquent pas. La foule est très compacte et on peut à peine bouger, on est bousculés dans tous les sens: c'est la folie du Carnaval que nous vivons. Nous profitons bouche-bées de l'agitation mais quand les travestis sortent d'énormes pénis en plastique et nous tapent avec, on se dit qu'il est peut être temps de se rediriger vers une zone plus calme car on n'a plus aucune prise sur la situation. Il nous fût très difficile de nous extraire de cette foule, mais en manquant de nous faire arracher quelques membres on y arrive, et on en ressort épuisés, égratinés mais grisés. Malheureusement c'est ce jour que mon appareil photo a choisi pour tomber en panne, donc je n'ai pas de photos. Mais quelque part, heureusement que je n'ai pas essayé d'en prendre, car je me le serais certainement fait voler. 

L'Etat de Bahia nous réservait bien d'autres surprises que Salvador. A cinq heures de route magnifique bordée de cocotiers au Nord de Salvador se trouve Mangue Seco, un véritable petit paradis. On y accède assez difficilement, par une habile combinaison bus+ taxi+ bateau. Mais cela en vaut largement la peine: ce sont des plages paradisiaques de sable blanc, de mer chaude, de bonnes vagues et d'immenses cocotiers

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SAM_3329SAM_3345 Moi et ma coco bis.

SAM_3327 Méduse très bizarre! 

Il n'y a que très très peu de touristes à Mangue Seco, et on profite de cette halte au calme pour se baigner dans ce qui est incontestablement la plus belle plage que j'ai vu de ma vie. 

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La plus belle surprise de l'Etat de Bahia, c'est indubitablement les bahianais. Bahia est une région à la grande majorité noire ou métisse. Le métissage y est si complet qu'on voie des métisses aux cheveux blonds mais crépus, des noirs aux yeux bleux, aux cheveux lisses, des blancs aux cheveux crépus... C'est assez incroyable. C'est aussi une population incroyablement douce et gentille, toujours en train de rire ou sourire, comme imbibée de soleil et de sucre, mais qui connait aussi une part de violence et d'ombre (favelas, drogue, délinquance...). C'est une population qui conserve de fortes traditions afro, et sui se situe quelque part entre religiosité et décadence. Difficile de ne pas être séduit! 

SAM_3245 Un groupe de jeunes bahianais qui se travestissent pour faire la fête. même les petits garçons revêtent des bikinis de petite fille: c'est leur manière de se déguiser!

SAM_3248 Religieux brésiliens. 

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