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Deux koalas à BA
3 avril 2012

Le Machu Picchu, la cité dans les nuages

Le départ pour le Machu Picchu, c'était un peu ce que nous attendions tous depuis trois mois, depuis le mois de novembre où nous avions fait notre réservation sur internet pour le trek, depuis le mois de juillet où nous étions arrivés en Argentine en sachant qu'un jour on finirait par gravir les marches peu commodes des incas, depuis plus loin encore.

Alors ce lundi 30 janvier, à 5h du matin après un repas fabuleux la veille dans un très bon restaurant de Cuzco pour se préparer, une courte nuit et un petit-déjeuner frugal, nous sommes à la fois fatigués, stressés et excités. Le bus de l'agence est censé venir nous chercher à l'hotel pour nous emmener à Ollantaytombo, d'où débutera notre trek. Sauf qu'à 6h, le bus n'est toujours pas là, et que nous commençons à nous inquiéter, d'autant plus qu'il ne fait pas chaud à Cuzco en cette saison, en cette heure-là. Notre futur guide finit par arriver en retard, dans un taxi : ils nous avaient légèrement oubliés, rien de grave. Nous rejoignons le reste de notre petit groupe de français dans le bus, et posons un premier regard sur les gens qui nous accompagneront durant les 4 jours du trek. Paf, voilà, c'est parti et ça commence par 1h30 de dodo -entrecoupé par une pause p'tit dej et achat de baton de marche - jusqu'à Ollantaytombo, village faisant parti de la Vallée Sacrée des Incas, et seule ville du continent à avoir gardé le même tracé qu'à l'époque inca. Arrivé là, nous faisons les derniers préparatifs de nos sacs, nous filons nos pauvres 6 kgs à nos porteurs (j'en parlerai plus loin, ces gens là sont d'un autre monde) et partons en route... enfin nous pensons, car il faudra encore faire la queue une petite heure avant de pouvoir arborer fièrement le tampon d'entrée de l'inca trail apposé dans nos passeports, traverser le petit pont en bois tout brinquebalant, et se dire que ca y est, nous sommes sur les traces des incas... (en compagnie d'une petite centaine de touristes).

Après quelques minutes de marches, notre petit groupe s'arrête pour faire les présentations. J'ai oublié tous les noms, mais outre les 8 français qui constituaient notre groupe (eux je me souviens à peu près de comment ils s'appellent), nous allions passer 4 jours avec quatre australiens, un anglais, et deux américaines. L'occasion de pratiquer notre anglais, et de parler dans le dos de ces foutus anglo-saxons en français. Un bonheur. Dans le même temps, nos deux guides, Juan le leader et son side-kick, tentent de nous expliquer dans un anglais imparfait mais avec un enthousiasme et une bonne humeur contagieuse comment va se dérouler notre journée.

Pour agrandir les photos  cliquez dessus.

SAM_3013 Notre petit groupe à l'entrée du chemin. Ou bien le moment du trek où on a l'air le plus frais...

Le premier jour est tranquille. Nous marchons quelques heures sur un terrain relativement plat, ce qui nous permet de discuter, de s'habituer à un certain rythme de marche, et de profiter du paysage. Car dès le début, l'inca trail nous révèle son charme et ses mystères. En effet, très tôt, nous rencontrons des ruines en contre-bas, anciennes terrasses agricoles des incas. La vue est magnifique, et nous avons un premier aperçu des connaissances techniques, astronomiques et artistiques de ce peuple vieux de plus de 500 ans. Sans être impressionnantes, ces ruines nous mettent l'eau à la bouche.

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Nous continuons notre marche à travers une végétation luxuriante et tropicale jusqu'au premier campement où nous nous arrêtons pour nous manger. Là les porteurs commencent à nous impressionner, et ils ne laisseront pas de le faire durant toute la durée du trek. Car,  quand nous arrivons, une tente a été installée, avec à l'intérieur des tables, des assiettes et des couvertes, des petits tabourets, et, surtout des plats incroyables, qui le sont d'autant plus qu'ils sont cuisinés au milieu de nul part, à plus de 2500-3000m d'altitude. Ce sera ainsi chaque jour, matin midi et soir. Ces tentes, ces tabourets, ces provisions etc, ce sont les porteurs, une vingtaine en tout pour notre groupe de 15, qui les portent, en plus de nos affairs et des leurs : environ 20 kilos sur le dos de chacun. Ils ont entre 17 et 50 ans, certains sont en tongs, voire carrément pieds nus, ce qui ne les empêche pas d'aller dix fois plus vite que nous qui hâletons comme des cancereux. Ils sont très clairement d'un autre monde.

L'après-midi, la pluie nous surprend, et elle tombe assez fort pendant toute la marche jusqu'à notre arrivée au campement, où, applaudis par les porteurs qui sont déjà là depuis des heures et ont eu le temps d'installer toutes les tentes où nous allons dormir, nous arrivons exténués, mouillés, et prêt à dormir, ce que nous ne manquerons pas de faire un peu plus tard, mais pas sans avoir joué à notre désormais traditionnel partie de loup-garou au cours de laquelle, ca en étonnera plus d'un, j'eu la chance d'être villageois. La première nuit dans la tente n'est pas des plus agréables, mais nous nous y faisons, et réussissons à attraper au vol quelques heures de sommeil. 

SAM_3041 Bienvenue dans notre humble demeure.

Et nous en aurons besoin, car le deuxième jour est le plus difficile. Ce jour-là, nous allons faire l'ascension du col de la "Femme Morte" (the Dead Women's Pass) toute la matinée, monter ainsi jusqu'à 4200m, puis redescendre par l'autre côté l'après-midi. Pour l'occasion, Juan nous fait un petit exposé sur l'importance de la feuille de coca. Celle-ci est vendue à bas prix par grand paquet et permet de mieux respirer en altitude. Le problème, c'est qu'à force d'en prendre comme une tradition, elle semble avoir un effet un peu abrutissant et légèrement addictif ce qui donne à certains péruviens, mais surtout à de nombreux boliviens, un air un peu... eh bien coké tout simplement, c'est à dire un peu à côté de leurs pompes pour le dire avec une expression d'un autre temps. Mais la coca existe depuis des centaines d'années, et les incas eux-mêmes l'utilisaient pour vivre en altitude. D'ailleurs, souvent, les sculptures ou idoles incas ont une joue un peu gonflée car eux-mêmes sont représentés comme de grands consommateurs de coca. (Par ailleurs, il faut quelque chose comme un millier de feuilles de coca pour faire un gramme de cocaine, et malgré nos efforts répétés, nous n'avons pas réussi à en ramener assez pour lancer un petit business ici à Buenos Aires. De toute façon, j'imagine que le marché est un peu saturé).

Bref, nous partons donc, un peu angoissés, appréhendant cette journée de marche qui risque d'être longue, longue, longue. Le paysage est vraiment magnifique, bien plus impressionnant que le premier jour, et la vue étant assez dégagé, nous pouvons voir le sommet des montagnes baigné au loin dans les nuages. Pour la première fois, et pas la dernière, on se sent non seulement privilégiés d'être ici mais aussi un peu seuls sur ce chemin, et comme revenu quelques siècles en arrière (malgré les touristes). Sauf que très vite, et malgré les pauses répétés et le superbe brunch qu'on nous sert à mi-parcours, nous n'en pouvons plus. Les paysages et les chemins par lesquels nous passons sont très beaux, en pleine forêt, mais il nous faut faire un sacré effort pour lever la tête et en profiter. Nous maudissons ces imbéciles andins pour avoir créer des escaliers aussi ridiculeusement grands et inégaux, et pour être aller se percher en haut des montagnes. Nous avons arrêté de compter les marches depuis longtemps.

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Arrivés en haut, à 4200m, nous sommes accueillis par les autres trekkeurs qui applaudissent, et nous contemplons le paysage en profitant d'une pause bien méritée. Cette matinée était vraiment difficile, même si avec le recul je pense qu'on l'avait imaginée encore pire. En tous les cas, nous sommes très fiers d'être arrivés là-haut, en pensant que le plus dur est passé. En fait, le reste n'est pas si simple que ça. Nous devons encore descendre 800m jusqu'au campement où nous passerons la nuit, et avec la fatigue, la petite pluie qui commence à tomber, et les marches bien stressantes à descendre, nous sommes un peu nerveux et mal-assurés. Je manque de tomber plusieurs fois (je crois bien être tombé une fois) et nous sommes bien contents d'arriver au campement vers 15-16h où nous attend un superbe goûter fait de pop-corn, fruits, et autre petits gâteaux. Nous passons le reste du temps à jouer aux cartes, puis après diner simple mais délicieux, allons nous coucher pour se préparer au lendemain, qui est le jour le plus long.

Autant dire que nous ne fermons pas l'oeil de la nuit. Nous sommes encore assez haut en altitude, et le froid est absolument insupportable. En plus, nous dormons sur un sol rocailleux, et il est très difficile de trouver le sommeil. Alors le matin venu, nous ne sommes pas vraiment en forme pour repartir. Il faut un bon petit-déjeuner, et une bonne dose de motivation pour se lancer à l'assaut de la montagne. Heureusement, le troisième jour est le plus beau.

En effet, nous commençons par l'ascension de deux cols successifs, beaucoup moins hauts et difficiles que ceux de la veille. Nous croisons des ruines, qui étaient, il me semble, un ancien "fort" inca, puis nous continuons à monter. Du haut du deuxième col, qui est je crois à 3900m, la vue est incroyable.

Voyage janvier février 2012 302Voyage janvier février 2012 303

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SAM_3047Les joyeux randonneurs. Si vous me cherchez dessus, un indice: j'ai le plus grand chapeau.

 C'est à ce moment-là que je décide de tomber deux fois en glissant sur des pierres et de m'écorcher la main. Mais passons. C'est aussi à partir de là que le chemin que nous empruntons est à 100% celui que les incas utilisaient. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Cette journée à elle seule vaut l'argent que nous avons payé pour ce trek. Nous passons par des sentiers magnifiques, entourés de végétation étrange et unique. Avec Cléa, nous nous amusons à repérer les orchidées, et à essayer de trouver des animaux. Nous finirons par rencontrer une biche pas peureuse du tout !

SAM_3060SAM_3061La végétation. 

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SAM_3081SAM_3080 Cette orchidée s'appelle une "lagrima" en raison de sa forme de larme. 

SAM_3071SAM_3072 La biche.


Les paysages sont à couper le souffle, et cette fois, nous en profitons pleinement car la marche est assez facile, sans trop de montée ou de descente exténuante. Nous croisons deux magnifiques ruines incas, une étant un ancien temple ou observatoire (je crois) où nous avons un aperçu de la façon qu'avaient les incas d'enterrer leurs morts : ils les "accroupissaient" et les laissaient dans l'enfoncement d'un mur préalablement creusé. C'est ainsi qu'on a découvert de très nombreuses momies, en tout cas, celles qui n'avaient pas été pillées.

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Pour le reste les photos parlent d'elles-mêmes. De mon côté, je suis étrangement en forme malgré la terrible nuit dernière. Nous nous rapprochons du Macchu Picchu, et bientôt, nous pouvons apercevoir le haut des montagnes qui entourent le site. Juan nous dit : "Vous voyez, là bas : c'est le Machu Picchu, et le Wayna Picchu et pom pom pidou". Nous sommes impatients.

Nous arrivons au campement le soir, les images de la journée plein la tête. Nous sommes vraiment dans un état particulier, parque nous savons que le lendemain nous allons voir le Macchu Picchu, que c'est l'apothéose de ce trek et aussi de ce voyage que nous organisons et attendons depuis longtemps, et que bon, c'est quand même une des Sept nouvelles merveilles du monde. Nous passons la soirée à jouer au Loup Garou avec les anglo-saxons à qui nous avons appris les règles, le chef cuistot a fait un gâteau vachement bon pour nous dire au-revoir, et nous participons à la "cérémonie du pourboire" : les porteurs ne nous accompagnant pas sur le site, nous allons leur donner leurs pourboires dès maintenant. Ensuite nous allons nous coucher car le lendemain, nous noous levons à 3h du matin pour être les premiers sur le site.

Le 2 février, nous sommes réveillés à 3h, nous déjeunons en vitesse, et puis nous partons dans le noir total... jusqu'à la porte du site, qui ne s'ouvre qu'à 5h. Nous sommes les premiers, et nous avons 2h à tuer, ce quer nous ferons en jouant à des jeux débiles et en prenant des photos d'un intérêt discutable. A 5h, ca y est, les portes s'ouvrent. La course commence, car tout le monde veut être le premier à voir le Machu Picchu, à se faire la photo souvenir, en sachant que de toute façon, une petite centaine de personne le suit juste derrière. Ce qu'on ferait pas. Après 1 heure de marche, ca y est, la cité inca nous apparait. Le Macchu Picchu et le Wayna Picchu juste derrière sont entourés de nuages, ce qui n'empêche pas de les voir mais donne, au contraire, à la scène une ambiance mystérieuse, mystique et hors du temps.

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Nous prenons notre temps en haut pour faire les photos de groupe, les photos individuelles, les photos de paysage, les photos de cet angle-là, puis de cet angle-ci, avant de commencer à descendre vers le site à proprement parler, où nous retrouverons Emma et Marie qui sont montés par le train. Puis Juan nous fait une visite guidée, et ensuite nous avons un peu de temps pour trainer dans la cité.

Un petit mot donc sur ce fameux Machu.

Si nous avions peur d'être un peu déçu, autant dire que le site en lui même a dépassé les plus folles de nos attentes. Nous connaissions déjà, grâce aux nombreux musées que nous avons croisés, les grandes qualités de l'art inca, leur maitrise des textiles, de la sculpture et des couleurs, et leur inventivité sans limite. Mais au Machu Picchu, toutes ces qualités, cette maitrise et cette beauté semblent avoir être à leur apogée. Les incas semblent avoir mis toutes leurs forces, leurs connaissances et leur talent dans la construction de cette cité dont on ne sait toujours pas à quoi elle pouvait bien servir : résidence secondaire des chefs, cité secrète pour préserver la culture inca des colonisateurs, ou autre chose, personne ne le sait avec certitude. Peut être que si les incas avaient été un peu plus malins et avaient inventé l'écriture, ils auraient pu nous en dire quelque chose.

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Ce qui est sûr c'est que le mystère dû à cette absence de témoignage ajoute au charme du Machu Picchu (à défaut d'autres mots que je ne trouve pas). En effet, en plus de la beauté de ce qu'on a sous nos yeux, s'ajoute la grâce et la splendeur de ce qu'on imagine être ou avoir été. Car ces ruines, encore une fois du fait de l'absence d'information que l'on possède à propos d'elles, se prêtent plus que n'importe quelle autre à l'imagination et au rêve. Et c'est l'effet combiné de la vision de ce qu'on a devant nos yeux et de l'imagination de ce que cela a pu ou aurait pu être qui font du Machu Picchu une véritable merveille.

Concrètement, le site est très grand, et se divise en deux parties : la partie de l'agriculture, constituée de grandes terrasses qui font un peu penser à des rizières en fait (je serais bien incapable de dire comment ça marchait) et une autre partie qui est religieuse il me semble depuis laquelle on observait les étoiles et en déduisait le rythme des saisons, etc. Personne ne sait comment les incas ont pu construire cette cité à cette endroit (Le site est entouré de quatre montagnes, ce qui avait apparemment un sens particulier), et de nombreuses méthodes architecturales utilisées par ce peuple seraient apparemment impossible à reproduire aujourd'hui.

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Bref, nous repartons du Machu Picchu vers 13h, un peu tristes mais comblés. Nous attendons à Aguas Calientes pendant toute l'après-midi puis nous prenons le train qui nous ramène à Ollantaytambo en compagnie d'australiens imbéciles qui créent une altercation des plus rigolotes.

Nous sommes de retour à Cuzco le soir même, et après un McDo qui semble de rigueur, nous retournons à l'hôtel et la suite, c'est pour le prochain article (tadam).

 

 

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